C’est l’histoire d’un fantasme qui pourrait devenir réalité d’ici à 2017. On pensait pourtant que les voitures qui volent étaient l’apanage de la littérature du cinéma de science fiction, de Star Wars au Cinquième Elément. Mais un toulousain, Michel Aguilar, ingénieur et ancien militaire de carrière dans l’armée de l’air, s’est mis en quête de réaliser ce rêve d’enfant.
« Très jeune, j’étais abonné à Spirou et fasciné par la « Zorglumobile » avec ses quatre réacteurs et son décollage vertical ! Depuis, le mythe d’Icare m’est resté chevillé au corps », raconte t-il.
En 2002, il prend sa retraite anticipée et entend profiter de son temps pour mettre en forme cette idée d’un véhicule personnel à décollage vertical, sans hélices et sans réacteurs encombrants. Comment faire ?
« A l’Ensica, où j’ai fait mes études à la fin des années 70, j’avais découvert un phénomène physique bien connu dans le milieu de l’aéronautique : l’effet « Coandă ». J’ai eu l’idée d’en exploiter le mécanisme », précise Michel Aguilar.
L’effet « Coandă », de quoi s’agit t-il ? « Prenez une feuille de papier A4 et tenez la entre deux mains par le haut et dans la longueur. Elle se gondole, naturellement. Maintenant, soufflez dessus : paradoxalement, la feuille va se relever ! », expose l’ingénieur, très pédagogue.
Un concept-car aérien et écologique
Le projet de l’« X’Plorair » nait. Dans le principe, ce petit aéronef va disposer de petites ailes à l’intérieur desquelles seront intégrées des thermoréacteurs particulièrement petits. Ces derniers vont souffler directement sur un aileron mobile situé un peu en arrière et au dessous.
Grâce à l’effet Coandă, une portance se créera perpendiculairement à cet aileron tournant. La force obtenue fera donc décoller verticalement l’engin. Après le décollage, d’autres réacteurs, situés à l’arrière, pourront propulser X’plorair vers l’avant, de manière classique.
« Le thermoréacteur pourra fonctionner avec des biocarburants, notamment ceux qui sont à base d’algues : leur pouvoir calorifique est aussi important que le pétrole », explique l’inventeur toulousain. Ces huiles étant sensibles à la température, l’altitude sera limitée à 2 500 mètres.
Quant à la vitesse, en montée elle sera de l’ordre de 8 m/s, et le déplacement horizontal sera de 200 km/h – 600 km/h en pointe – compte-tenu de la consommation prévue, 15l/100 km, à comparer aux 40l/100km pour un hélicoptère monoplace. L’autonomie sera au maximum de 500 km.
Un laboratoire du CNRS et une PME dans la boucle
Pour l’heure, il s’agit de valider l’innovation constituée essentiellement par les thermoréacteurs. L’enjeu technologique se situe au niveau du type de combustion, qui se fera à volume constant, et non à pression constante comme dans toute l’aviation.
Naturellement, le développement et la validation d’une telle technologie n’est pas à la portée de toutes les bourses. Le toulousain a convaincu un laboratoire du CNRS, « P Prime », basé à Poitiers, la PME toulousaine Comat Aerospace et « un grand motoriste européen » de s’associer à un projet de R&D sur trois ans.
Pari gagné : dans le cadre de son programme « Rapid », qui vise au financement de technologies innovantes portées par des PME, la DGA (Direction générale de l’armement) a décidé, le 27 décembre 2010, d’apporter 1,5 Meuros au budget. Soit une très large part de celui-ci.
A compter de 2013, si le concept de thermoréacteur a fait ses preuves, la construction du premier prototype pourra démarrer. Dans cet objectif, l’inventeur toulousain entend d’ores et déjà solliciter un programme européen, « Pioneering », qui, justement, finance le développement de véhicules monoplaces. En parallèle, il planche déjà pour créer un autre consortium visant à décliner l’X’Plorair sous forme de drone.
In fine, un premier vol de l’X’Plorair est envisagé en 2017 par Michel Aguilar, qui imagine déjà nombre de ses engins parcourir les premières « rues aériennes » à l’horizon 2020-2030 !