La nouvelle structure pourrait recruter localement une centaine de personnes sur un effectif total de 200. Mais son implantation est conditionnée à la sélection par l’État de l’Institut de Recherche Technologique (IRT) toulousain. Sollicité, le CEA n’a pas confirmé ni démenti cette information.
« Depuis plusieurs mois, le CEA est présent dans l’équipe projet de l’IRT. Jean-Frédéric Clerc, directeur de la prospective, l’y représente (*). Il a rencontré la majorité des acteurs industriels toulousains pour identifier le potentiel de partenariat technologique. Il en ressort notamment des besoins mutuels en matière de micro-systèmes, de capteurs, de thermodynamique dans les hautes températures… », explique André Benhamou, président de l’association Tompasse, qui rassemble des décideurs de l’industrie aérospatiale toulousaine. Un plaidoyer pro-domo qui rencontrerait un intérêt manifeste pour cette implantation de la part des décideurs du Commissariat à l’Energie Atomique.
C’est en tout cas ce que dit Alain Costes, porteur de la fondation InNaBiosanté et directeur de la technologie au ministère de la Recherche de 2000 à 2002 : « Une rencontre s’est déroulée il y a un an entre Martin Malvy, le président de la Région Midi-Pyrénées, Bernard Bigot, administrateur général du CEA et Jean Therme, directeur de la recherche du CEA. »
Ces derniers ont évoqué des conditions à cette implantation. « La première, c’est l’obtention de l’Institut de Recherche Technologique de Toulouse qui permettrait aux équipes du CEA de profiter des infrastructures prévues dans le cadre de Montaudran Aerospace. La seconde, c’est un soutien de la part des acteurs de la recherche toulousaine et des collectivités territoriales. Les enjeux, au delà des applications en aéronautique et espace, concerneront aussi les applications des nanotechnologies à la santé », détaille Alain Costes.
Une idée en gestation depuis plusieurs années
Alain Costes est depuis plusieurs années l’un des ardents promoteurs d’un tel rapprochement. Une implication qui s’est déjà traduite en faits concrets avec Nano-Innov. Ce programme de recherches en nanotechnologies mené entre Paris-Saclay, Grenoble – deux sites où le CEA est largement déployé – et Toulouse est doté de 70 millions d’euros par l’État. Dans ce cadre, des collaborations sont en cours entre le CEA et plusieurs laboratoires, dont notamment le LAAS.
Plus récemment, les nanosciences toulousaines ont été distinguées par le ministère à travers la labellisation du projet Next, rassemblant les 6 laboratoires tous spécialisés dans le domaine de l’infiniment petit.
L’arrivée du CEA devrait induire l’embauche progressive d’une centaine de personnes à Toulouse, auxquels s’ajouteront une centaine de salariés déjà en poste. Ces derniers rejoindraient le nouveau site dans le cadre d’une mutation de leur statut militaire vers le statut civil.
Encore faut-il que le projet toulousain d’IRT fasse partie de la sélection finale qui devrait être connue au mois de mai. Elle comportera seulement 4 à 6 dossiers, sur 15 déposés. Si l’engagement collectif exceptionnel des industriels toulousains dans le dossier pèsera dans la décision de l’État, il faut aussi compter avec la dimension éminemment politique de l’appel à projets et de la venue du CEA.
Frédéric Dessort
(*) Jean Therme, directeur de la recherche technologique du CEA est également membre invité du Comité d’Orientation Stratégique de l’IRT (NDLR)
L’IRT toulousain : un programme et une infrastructure de R&D de 1,2 milliards d’euros.
L’Institut de Recherche Technologique (IRT) toulousain en aéronautique, espace et systèmes embarqués est l’un des candidats à l’appel à projets éponyme lancé par l’État dans le sillage des « Investissements d’Avenir », autre nom pour les financements du « Grand Emprunt ». Un projet qui permettrait notamment de mettre au point des innovations testées grandeur nature grâce à des plateformes et démonstrateurs technologiques.
Des financements considérables sont prévus : 142 millions d’euros directement utilisables, dont 100 millions apportés par l’Etat et 42 millions promis par les industriels toulousains. Par ailleurs, 300 millions d’euros seront placés et génèreront 10 millions d’euros d’intérêts par an venant directement abonder au budget de fonctionnement. La recherche et développement représenterait à elle seule 600 millions d’euros sur 10 ans, dont les 2/3 seraient apportés par les industriels, et associerait environ 800 chercheurs.
Les bâtiments (11 000 m2) qui abriteront les recherches et les plateformes technologiques seront construits sur le site de Montaudran Aerospace. L’ensemble du programme immobilier, aménagement et desserte comprises, est largement soutenu par les institutions régionales qui devraient apporter 21 millions d’euros à un budget de 372 millions d’euros. Au total, sur 10 ans, l’IRT représentera un investissement public/privé de 1,2 milliards d’euros.