Les 13 et 14 avril 2010 aura lieu la troisième édition des Entretiens de Toulouse. Gérard Brachet, président de l’Académie de l’Air et de l’Espace et ancien directeur général du CNES, explique les enjeux de cette rencontre entre professionnels de haut vol, hébergée par l’ISAE.
En quoi consistent les Entretiens de Toulouse (*) ?
C’est une formation destinée aux ingénieurs expérimentés, qui souhaitent mettre à niveau leurs connaissances dans des domaines pointus du secteur de l’aéronautique et du spatial. Les thèmes sont choisis en concertation avec l’industrie aérospatiale à travers le GIFAS, le syndicat professionnel du secteur. Pour chaque thème, un ou deux experts reconnus dans le domaine préparent un cours, mis à disposition des participants à l’avance, ce qui permet de privilégier les échanges avec les participants. Nous avons accueilli près de 200 professionnels l’année dernière. Cette rencontre répond à un vrai besoin !
Quels sont les thèmes majeurs cette année ?
On mettra particulièrement l’accent sur la minimisation de l’impact du transport aérien sur l’environnement (propulsion du futur, réduction du bruit), mais aussi sur des technologies très avancées, concernant par exemple le choix des structures ou des matériaux. Nouveauté de cette année, il y a également une série d’entretiens sur les applications de l’espace, comme les applications des systèmes de navigation par satellite.
Quelles sont les tendances en matière d’innovation ?
L’innovation dans le secteur aérospatial est permanente ! Et ce même si cela n’est pas toujours visible, comme par exemple le remplacement progressif des structures en alliage aluminium par des structures en composite carbone, qui sont plus légères mais plus difficiles à mettre en œuvre, et qui demandent une technologie très pointue. Pour prendre un autre exemple, nous parlerons de la fusée du futur, pour laquelle des progrès ont été réalisés sur les moteurs, à travers les matériaux des tuyères et des turbopompes.
Et en termes de développement durable ?
Il y a beaucoup d’avancées actuellement pour améliorer l’efficacité des avions, qui doivent consommer moins de pétrole pour transporter la même charge. Cela passe par le gain de masse sur les structures et utilisant le carbone, et par le gain d’efficacité des moteurs. Aujourd’hui, en A380, vous ne dépensez pas plus de pétrole par passager et par kilomètre que si vous preniez la voiture !
Beaucoup de progrès ont également été réalisés en matière de réduction du bruit, avec la technologie des réacteurs à double, voire triple flux qui minimisent l’impact sonore des avions à réaction.
Comment s’organise la recherche entre les laboratoires et les entreprises ?
Du fait d’une forte compétition internationale dans ce secteur technologique, il y une tradition de collaboration importante entre l’industrie et la recherche. Les entreprises, comme Airbus ou la Snecma (groupe Safran), par exemple, entretiennent des relations étroites avec des équipes de recherche dans des institutions spécialisées comme l’Onera, avec des grandes écoles ou des laboratoires du CNRS.
Quel sera dans ce cadre le rôle du pôle de compétitivité régional Aerospace Valley ?
On espère, grâce au pôle, rapprocher les PME de la recherche, car si la collaboration entre recherche et industrie se fait bien avec les grandes entreprises, elle est moins établie avec les PME qui disposent rarement d’équipes de recherche.
Comment se portent les entreprises du secteur aérospatial ?
La crise économique a conduit à une baisse de fréquentation des avions, suscitant des craintes au sein de l’industrie au sujet du carnet de commandes. Mais finalement, il n’y a pas eu de grosses conséquences. C’est un secteur industriel qui marche plutôt bien et qui est très exportateur !
Les PME n’ont-elles pas davantage souffert de la crise économique et de sa répercussion sur la santé des grandes entreprises ?
En effet, les grandes entreprises – en particulier EADS – ont fait des campagnes de réduction de coût, qui se traduisent par une forte pression sur les fournisseurs en amont … que je ne vois pas diminuer. Les PME en position de sous-traitants de grands groupes ont la vie dure, même en dehors des périodes de crise.
Propos recueillis par Agnès Baritou, pour KwantiK !
(*) les entretiens de Toulouse se tiennent à l’ISAE et sont réservés aux professionnels Programme complet