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Une étudiante toulousaine va voler en impesanteur

Laurianne Palin mènera une expérience scientifique en octobre prochain à l’intérieur d’un Airbus créant une situation d’impesanteur, afin de simuler la collision de mini-astéroïdes. Objectif : mieux comprendre le comportement des poussières dégagées lors de tels chocs dans le système solaire.

« C’est tellement génial d’imaginer être en impesanteur que nous oublions une certaine appréhension à vivre cette expérience. L’ESA nous fournira des médicaments pour combattre le mal de l’espace, et même une poche, au cas où… », explique, enthousiaste, Laurianne Palin, en première année de thèse d’astrophysique au CESR (Centre d’étude spatiale des rayonnements), à Toulouse.

Avec trois de ses camarades issus du Master II d’Astrophysique de Grenoble, tous aujourd’hui doctorants, elle a été retenue dans le cadre de l’appel à projets « Fly your Thesis » de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Objet : mettre en œuvre une expérience scientifique en situation d’impesanteur créée à bord d’un Airbus « Zéro G » (1), aménagé pour l’opération. Une situation qui fait que les astronautes flottent dans la Station spatiale internationale.

Mais ici, c’est une impesanteur temporaire qui se produira au point culminant d’une montée abrupte, à 45°, suivie immédiatement d’une descente toute aussi raide. On recréé ainsi pendant vingt secondes les conditions d’une chute libre, à l’intérieur de l’habitacle, sans les contraintes aérodynamiques de l’air.

Collisions dans le cosmos

« Notre projet consistera à projeter, à l’intérieur d’une enceinte transparente d’au plus 2 m3, un petit objet d’un cm sur un autre plus gros, de 5 cm, ayant chacun une composition analogue à celle des météorites. Il en résultera la création de poussières, que nous allons filmer, avec une caméra à haute fréquence, et dont nous analyserons le mouvement » explique Laurianne Palin.

Tout l’enjeu de cette étude s’inscrit dans le cadre de recherches menées pour comprendre la formation des planètes autour des étoiles. Lorsqu’une étoile naît, un disque de matière, constitué de poussières, se forme autour d’elle. Ces poussières vont progressivement s’agréger pour former des objets de plus en plus gros : des astéroïdes, puis des planètes.

Dans un deuxième temps, ces astéroïdes vont entrer en collision. Des chocs qui provoquent la formation de nouvelles poussières. C’est à cette étape que va s’intéresser l’équipe. « Ce qui est mal compris, c’est la formation de cette poussière. Nous visons notamment à déterminer la taille des grains produits et la densité de la poussière générée dans le disque », précise Laurianne Palin.

L’équipe espère que les résultats de l’expérience seront utiles aux théoriciens, notamment pour améliorer leurs simulations numériques de collisions d’astéroïdes.

Les quatre étudiants doivent maintenant mettre les bouchées doubles pour boucler leur financement et mettre au point leur expérience d’ici octobre.

Frédéric Dessort, pour Kwantik !

Crédit photo : Laurianne Pallin

(1) « Zéro G » signifie zéro pesanteur (la pesanteur est une accélération représentée par la lettre g)