Le problème avec les virus et les bactéries, c’est qu’il faut du temps pour identifier en laboratoire ces minuscules envahisseurs de notre quotidien. Aussi, pour les dépister plus rapidement dans notre alimentation, dans notre corps ou dans les lieux que nous fréquentons, la jeune société toulousaine Dendris (*) a conçu la DendriSchip.
Fixée sur une fine plaquette transparente – la biopuce – une molécule de synthèse appelée dendrimère tend un piège sophistiqué aux micro-organismes indésirables. A chacune de ses extrémités, qui sont comme les branches d’un arbre, on dépose quelques brins d’ARN messager qui sont la signature d’un virus ou d’une bactérie.
Si le prélèvement contient un organisme identique, sa présence sera trahie par le fait que ses propres brins d’ARN messager se lient à ceux fixés sur la puce. Cette liaison déclenche alors une réaction de fluorescence (émission lumineuse), lisible sur la biopuce par un « scanner » développé par la société Innopsys.
Jusqu’à 25000 micro-organismes identifiés en 2 heures
« C’est une chimie très sophistiquée », explique Jean-Marie François, le directeur scientifique de Dendris pour les biopuces, « mais elle peut s’adapter à de nombreux usages ». Contrôle de l’environnement (détection de la bactérie de la légionellose), santé (Maladies sexuellement transmissibles, marqueurs de certains cancers), agro-alimentaire (fraîcheur des produits carnés et laitiers, OGM, allergènes) : les applications de la DendriSchip sont d’autant plus nombreuses que la forme même du dendrimère permet le « multiplexage ». En clair, cette molécule en trois dimensions possède tellement d’extrémités qu’une seule biopuce pourrait servir, selon ses concepteurs, à identifier jusqu’à 25.000 micro-organismes différents en deux heures !
Un résultat obtenu beaucoup plus rapidement qu’avec les méthodes habituelles de détection. Pour Michel Corbarieu, président de Dendris, c’est l’assurance d’une biopuce « au coût de revient très compétitif », qui devrait être commercialisée fin 2010 dans un dispositif comprenant la DendriSchip, le scanner et son logiciel dédié développé par l’IRIT. En France, le marché est estimé à environ 50 M€.
Onze recrutements d’ici 2011
Créée en juin 2009, cette Jeune Entreprise Universitaire envisage déjà d’atteindre un chiffre d’affaires d’1 million € d’ici 3 ans. Michel Corbarieu prévoit « le passage à la phase industrielle en 2011, donc nous aurons besoin de recruter trois compétences en 2010 : un bio-analyste, un technicien de laboratoire et un bio-informaticien ». Huit recrutements devraient suivre en 2011. Un premier client s’est déjà montré intéressé : l’IFREMER a demandé à Dendris son expertise pour la mesure de la toxicité des algues marines.
Simon Castéran
(*) Dendris a été fondé par Jean-Marie François de l’INSA, Jean-Pierre Majoral du Laboratoire de Chimie de Coordination de Toulouse et Richard Fabre, gérant de la société Biopôle