Pythagore serait content : sa chère musique des sphères a été entendue. Le satellite Corot a enregistré pendant plusieurs mois les vibrations de l’étoile HD 49933, située à 100 années-lumière de la Terre, dans la constellation de la Licorne.
Comme le Soleil, elle vibre sous l’influence des mouvements de la zone convective, où la matière qui forme l’étoile est animée de mouvements verticaux. Par leur fréquence, leur amplitude et leur durée de vie, ces oscillations révèlent la structure interne de l’étoile.
Au cours du temps, ces oscillations varient, suivant un cycle régulier. Pour les scientifiques, ces variations sont dues à l’activité magnétique de l’étoile, qui entraîne des modifications dans sa structure, et notamment la répartition des taches stellaires, semblables aux taches solaires.
Un cycle solaire en accéléré
Sur le Soleil, les oscillations varient suivant un cycle de 11 ans. Mais à sa grande surprise, l’équipe a découvert que sur HD 49933, le cycle n’est que de 120 jours !
« Même si c’était prévu par la théorie, nous avons tous été surpris par la rapidité de ce cycle, reconnaît Jérôme Ballot, chercheur au Laboratoire d’Astrophysique de Toulouse-Tarbes (LATT), co-auteur de l’article (*). On ne s’attendait pas à voir des variations en seulement quelques mois, et aussi importantes ! ». Une aubaine pour les astrophysiciens, qui disposeront d’un Soleil en accéléré.
Prédire un jour l’activité magnétique du Soleil ?
Mais les résultats de Corot apportent surtout la démonstration de ce que le satellite peut offrir à la sismologie stellaire. « Ce travail est la preuve que nous pouvons établir des diagnostics extrêmement fins », souligne Jérôme Ballot. Pour le chercheur, les résultats de Corot « ouvrent la voie à des études similaires, comme celles que le satellite Kepler mènera sur des étoiles pendant quatre ans ».
La sismologie stellaire devrait permettre de mieux comprendre pourquoi les cycles d’activité magnétique diffèrent d’une étoile à l’autre et quels mécanismes les sous-tendent. Avec l’objectif, lointain, de prédire l’activité magnétique du Soleil et ses sautes d’humeur qui peuvent paralyser les réseaux électriques ou de communications terrestres.