Aujourd’hui, les trois facultés toulousaines perdent des étudiants : 65 000 jeunes y étudient, contre près de 71 000 il y a deux ans. Des chiffres sans appel. En cause, des locaux et des logements vétustes, un manque d’équipements sportifs en centre-ville, et des campus éparpillés aux quatre coins de Toulouse, qui la rendent peu attractive. Premier chantier : l’immobilier. Le Mirail a déjà entamé des travaux de réhabilitation. A Paul-Sabatier, près du tiers des bâtiments sont en mauvais état et certains sont fermés. C’est pourquoi l’objectif principal de Toulouse Campus, qui représente la majeure partie de l’investissement, est de rénover le bâti.
A cela s’ajoute le besoin de regrouper les filières. Léa, étudiante et présidente du Pôle associatif de l’UPS témoigne de « soucis pour se rendre d’un cours à l’autre quand il faut traverser tout le site de Rangueil, voire quand on doit aller en centre-ville. Les universités toulousaines manquent de salles. » Ainsi, l’ensemble des filières liées aux domaines aéronautique et spatial seront regroupées sur un site flambant neuf à Montaudran, l’Aerospace campus. Ce qui libérera de la place pour les autres filières.
Des « cités-U » plus humaines
Deuxième axe : le logement et les loisirs étudiants. Le parc toulousain du CROUS est à la fois peu attractif et mal desservi. Des bâtiments « tripodes » de Rangueil, dont certains n’ont pas de boîtes aux lettres, à la cité Daniel-Faucher, trop isolée sur L’île du Ramier, avec comme conséquence des problèmes d’insécurité… « Soit on rénove Daniel Faucher en la rendant réellement accessible, soit on l’abandonne » , dit sans détour Louis Castex, le président du PRES-Université de Toulouse.
C’est pourquoi le projet Campus souhaite installer les étudiants dans des quartiers calmes et proches du métro. Au centre-ville, l’ancienne école de chimie, rue des 36-ponts, accueillera une résidence étudiante. La zone récemment urbanisée de Borderouge pourrait elle aussi voir sortir de terre des logements étudiants.
Une caution pour les étudiants locataires
Toulouse a une spécificité : il y a beaucoup de colocations d’étudiants au centre ville. Et pour louer, la caution est souvent un problème. « C’est pourquoi nous souhaitons mettre en place, avec la Communauté urbaine, un système de cautionnement pour les étudiants qui louent leur logement. C’est un projet dont on parle depuis longtemps, mais j’ai cette fois espoir de le voir aboutir dès la rentrée prochaine », annonce Louis Castex.
Pour les loisirs, de la place sera faite en plein cœur de la ville pour des installations sportives. Le parking de la cité administrative devrait passer en sous sol et permettre à l’Université de Sciences sociales de disposer d’équipements enfin adaptés : gymnase de hand-basket-volley, salle de gym, de musculation, dojo, terrains en extérieur… qui profiteront aux 20 000 étudiants du centre-ville.
Nouveaux outils, nouvelles filières
A ces priorités s’ajoutent d’autres initiatives pour rendre les universités de Toulouse attractives. Pour les lycéens et futurs étudiants, un centre d’accueil et d’orientation sera installé sur les allées Jules-Guesde, qui rendra plus visible l’éventail des formations proposées.
A Rangueil, une Maison de la réussite en licence, sur près de 10000 m2, proposera aux nouveaux étudiants, outre des travaux dirigés, un suivi par les enseignants-chercheurs, hors période de cours, pour leur donner les meilleures chances de succès et diminuer le risque de « décrochage », car le taux d’échec est depuis toujours très important dans le premier cycle universitaire. Un Bâtiment d’aide à l’insertion professionnelle leur permettra une rencontre avec le monde économique afin d’identifier les débouchés. Enfin, une Maison des langues regroupera tous les cours de langues de l’Université Paul-Sabatier et des écoles d’ingénieurs.
Côté moyens, une bibliothèque moderne, avec documents numérisés et postes multimédias, est très attendue par les étudiants. « Partout, les étudiants manquent de postes informatiques. Nous ne sommes pas à la hauteur des grandes universités européennes. », souligne Léa. Paradoxe quand on sait que pour attirer les étudiants étrangers et rendre les formations plus compétitives, certains mastères seront dispensés en anglais.