La salle de conférences du lycée Saint-Sernin est bondée. Normal : Albert Fert n’est pas n’importe qui. Ce chercheur français a reçu le prix Nobel de physique 2007. Et s’il est à Toulouse ce 17 décembre, c’est pour inaugurer la troisième édition de la « classe nano » du Lycée Saint-Sernin de Toulouse, dont il est le parrain. Sans timidité, les lycéens le bombardent de questions pointues sur la magnétorésistance géante, qui lui a valu son prix. Cette découverte a considérablement amélioré les capacités de stockage des disques durs de nos ordinateurs. Mais cela n’aurait pas été possible sans l’apport des nanotechnologies, qui ont permis de déposer des couches de matière extrêmement minces à la surface de ces disques.
Une journée au labo
« L’image des nanotechnologies reste mystérieuse. Il faut donc les démystifier en les présentant, dans les lycées, comme étant des outils du monde actuel », souligne Albert Fert. C’est le cas dans la « classe nano », composée d’élèves de Terminale volontaires. Dans l’année, les lycéens reçoivent seize heures de cours sur les nanotechnologies assurés par des doctorants du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS). Cerise sur le gâteau, ils passent une journée d’expérimentation dans le célèbre laboratoire toulousain, en conditions réelles, sur le projet de thèse d’un doctorant. Ils vont ainsi réaliser une « biopuce », un dispositif utilisé pour le diagnostic médical.
L’an dernier, 100% des « nanos » reçus au bac
« Les élèves suivent en direct le travail du chercheur. Cela leur donne une autre image de la recherche, moins poussiéreuse, au moment où beaucoup délaissent ces filières, en particulier les filles. Et il faut penser que dans notre région, le futur Cancéropole sera un gisement d’emplois scientifiques » explique Danielle Pons, professeur de physique à Saint-Sernin. L’autre force du projet est d’ignorer les barrières : les enseignants de physique, de maths, de biologie, d’anglais et même d’histoire-géographie et de philosophie sont impliqués. Car les élèves vont aussi débattre sur les questions d’éthique que soulèvent les nanotechnologies. L’ effet est en tout cas incontestable sur la motivation des élèves : « L’an dernier, nous avons eu dans notre classe nano 100% de reçus au bac et 7 mentions ‘très bien’ » se félicite Danielle Pons. L’expérience de la classe nano prendra fin en 2009 sur un bilan qui, selon les professeurs, s’annonce positif.