La Novela célèbre les 50 ans du laser. Béatrice Chatel, chercheuse au Laboratoire Collisions Agrégats Réactivité (LCAR) et coordinatrice de ce thème, détaille toutes les manifestations autour du célèbre rayon.
On fête cette année le 50ème anniversaire de l’invention du laser, auquel La Novela consacre une large place. Pourquoi ce choix et comment avez-vous établi la programmation scientifique ?
En tant que « lasériste » de formation, j’ai suggéré qu’il était important de fêter cet anniversaire, et la Ville de Toulouse a développé cet argument pour en faire un des grands thèmes de La Novela. Le laser est en effet très présent dans la société aujourd’hui, puisqu’il sert aussi bien à découper le métal qu’à véhiculer l’information à l’intérieur des fibres optiques. Mais c’est aussi un instrument de recherche très présent dans les laboratoires. Pas moins de huit prix Nobel sont liés au laser !
C’est pourquoi nous avons conçu, avec les chercheurs toulousains des laboratoires CNRS et de l’ONERA, plusieurs événements scientifiques autour du laser. Il y a tout d’abord un cycle de conférences grand public pour lesquelles, j’ai choisi de faire intervenir des chercheurs renommés liés à Midi-Pyrénées.
Alain Aspect, qui parlera des propriétés quantiques du photon à la fois onde et corpuscule, est originaire d’Agen. Ce très grand physicien, médaille d’or du CNRS, prix Wolf en physique, est un remarquable vulgarisateur. Jean-Claude Kieffer, un chercheur canadien qui a effectué son master à l’Université Paul-Sabatier et François Malecaze, professeur à l’hôpital Purpan, parleront des applications médicales.
Vous souhaitez ne pas seulement vous adresser au grand public, mais aussi aux étudiants
Oui, c’est le cas pour la série de conférences « paroles de chercheurs », pour un public de niveau licence ou pour des personnes déjà familières des sciences. J’espère que les étudiants des classes préparatoires viendront aussi, car c’est une véritable occasion de découvrir les utilisations du laser dans de multiples domaines dans la recherche et de s’ouvrir l’esprit.
Ceci dit, nous restons en prise avec la société puisqu’il y aura par exemple une conférence sur les lasers de puissance qui permettent de déclencher des réactions nucléaires [laser Mégajoule par exemple, destiné à remplacer les essais nucléaires, NDLR], et une autre sur l’imagerie téraherz, déjà utilisée pour fabriquer des détecteurs dans les aéroports.
En quoi consistent les ateliers laser prévus à la Médiathèque ?
Ce sont des « manips » accessibles à tous, dans l’esprit de celles du Palais de la découverte à Paris, très interactives. Elles ne nécessitent aucune connaissance préalable. Pour chaque atelier, des scientifiques seront à disposition pour répondre aux questions.
On pourra ainsi construire un laser, pas-à-pas, en partant d’un cristal de rubis, et ainsi découvrir son fonctionnement. Un autre atelier montrera l’utilisation du laser dans la mesure des distances et permettra de reconstruire un monument en 3D. Enfin, on découvrira comment moduler de la lumière laser par la musique. Derrière cela, il y a bien sûr toutes les applications des télécommunications à travers les fibres optiques !
A côté des ateliers, il y aura des animations, comme des hologrammes, une harpe lumineuse, et une présentation du Chemcam, un laser monté sur un robot qui ira analyser les roches martiennes, lors de la mission Mars Science Laboratory. Ce projet est piloté par des chercheurs du CESR à Toulouse. Enfin il y aura aussi des démonstrations d’applications industrielles du laser (Airbus, Scopelec, Laser diffusion…).
Justement, quelle est l’importance du laser dans le paysage scientifique toulousain ?
Le laser est présent dans de nombreux laboratoires toulousains. Il y a ceux qui les construisent commele LCAR auquel j’appartiens, mais aussi le LPCNO, le LAAS, le CEMES, le LNCMI. Au LCAR, nous achetons les modules de base des lasers et nous développons optiques, particulières adaptées à nos besoins pour contrôler les paramètres de la lumière qui va interagir avec des atomes ou des molécules. Bien d’autres laboratoires sont eux des utilisateurs du laser…
Ainsi dans les laboratoires toulousains, on peut grâce aux lasers réaliser des analyses en biologie, observer les vibrations d’une nanoparticule ou une réaction chimique en temps réel, faire des mesures de distance ultra-précises, et même refroidir des atomes au plus près du zéro absolu !