« Recherche volontaires âgés de plus de 70 ans pour participer à une étude de prévention des troubles de la mémoire »… Le CHU de Toulouse est pleinement impliqué dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer, déclarée grande cause nationale en 2007 et thème d’un plan d’action gouvernemental 2008-2012. Cette maladie neuro-dégénérative du système nerveux central se traduit par des lésions cérébrales majeures, provoquant des troubles de la mémoire puis altérant des capacités cognitives comme le langage ou l’orientation. Avec 860 000 personnes touchées en France et 225 000 nouveaux cas dénombrés chaque année, une politique de prévention est indispensable, mobilisant chercheurs et médecins.
Une étude « multidomaines »
Une expérimentation originale a dès lors été mise en place par le CHU de Toulouse au sein de son « Gérontopôle » créé en février 2007. Cette structure unique en France, placée sous la responsabilité du professeur Bruno Vellas, s’est vue assigner trois plans d’action : « Favoriser l’accès à l’innovation thérapeutique pour les personnes âgées présentant des signes de fragilité comme la perte de mémoire ou une marche ralentie ; mettre en place un Institut du Vieillissement pour développer des actions de prévention ; développer la recherche clinique pour les personnes âgées dépendantes », explique Sophie Gillette, chef de projet et coordinatrice de la recherche au sein du Gérontopôle.
L’étude MAPT (Multidomain Alzheimer Preventive Trial), initiative du CHU en collaboration avec les universités de Seattle (Etats-Unis) et de McGill (Canada), veut déterminer si la mise en place de mesures préventives peut protéger contre la perte de la mémoire.
En effet, explique Sophie Gillette, « plusieurs études épidémiologiques ont montré que l’alimentation, en particulier les acides gras omega-3, l’exercice physique, l’exercice cognitif et le maintien des activités sociales jouaient un rôle significatif dans le maintien des facultés intellectuelles supérieures ». Le caractère inédit de l’étude MAPT réside dans la combinaison de ces facteurs, qui ont toujours été testés séparément.
Faire travailler la mémoire et le raisonnement
A ce jour, 1046 personnes de plus de 70 ans se plaignant de troubles de la mémoire ou d’une marche ralentie participent à l’étude MAPT. Le recrutement, débuté en mai 2008, est toujours en cours sur Toulouse et d’autres villes de province, jusqu’en mai 2010 où 1200 personnes seront sélectionnées au total. Le CHU recherche donc encore 154 volontaires pour compléter l’échantillon.
Les mesures préventives testées ? Prise quotidienne d’un traitement à base d’oméga-3, exercices physiques, exercices intellectuels faisant travailler la mémoire et le raisonnement, associés à des conseils nutritionnels.
Les personnes recrutées vont par exemple élaborer des stratégies afin de mémoriser des horaires de bus ou ne pas oublier de prendre des médicaments. Elles suivent ces ateliers par petits groupes, de manière intensive les deux premiers mois puis une fois par mois.
Mission qualité pour le Gérontopôle
Une évaluation de la mémoire et de l’autonomie, sous forme de tests et de questionnaires, a lieu lors de la sélection des candidats, après six mois, un an, deux ans et trois ans. L’impact des mesures préventives sur l’atrophie cérébrale est aussi étudié, par IRM notamment. L’expérimentation prendra fin en mai 2013.
En attendant, l’étude MAPT a été intégrée dans le plan Alzheimer développé par le gouvernement. Quant aux missions plus larges du Gérontopôle, elles ont été renouvelées par le ministère de la Santé en décembre dernier, avec un objectif supplémentaire : développer une charte qualité de la prise en charge gérontologique.