Y a-t-il un lien entre le diamètre du Soleil et son activité ? Le satellite PICARD, qui devrait être lancé le 6 avril prochain, mesurera avec précision ses dimensions. Le dernier-né du CNES pourrait ainsi nous en apprendre davantage sur l’influence précise du Soleil sur l’atmosphère et peut-être sur le climat de la Terre.
Dernier né de la famille des « microsatellites » de la filière Myriade du CNES, Picard devrait s’envoler le 6 avril prochain afin de recueillir de nouvelles données sur le Soleil et, en particulier, de mesurer son diamètre. « Ce qui n’a rien de simple, précise Jean-Yves Prado, le responsable du programme de physique solaire au CNES de Toulouse. Le Soleil n’est pas un solide, mais une boule de gaz, donc son diamètre varie selon la longueur d’onde à laquelle on l’observe ! ».
Aussi, pour le mesurer avec précision, le satellite utilisera un petit télescope, SODISM, qui observera notre astre sur trois longueurs d’ondes différentes. L’intérêt des scientifiques pour le diamètre du Soleil n’a rien d’anodin : les fluctuations de volume de notre étoile pourraient être un excellent indicateur de son activité. « Le problème, poursuit Jean-Yves Prado, c’est que nous ne savons pas quel est le lien entre les deux. Picard devra déterminer si l’activité augmente quand le diamètre diminue, ou inversement ! ».
Il y 400 ans, l’étrange « petit âge glaciaire »
Et le contexte est idéal. En effet, alors que Picard s’apprête à être lancé, l’astre vient d’entrer dans un nouveau cycle d’activité intense, après onze ans de calme inexpliqué. L’occasion de quantifier également, grâce à deux autres instruments embarqués sur Picard, SOVAP et PREMOS, l’irradiance absolue du Soleil, c’est-à-dire la quantité de rayonnement émis par notre étoile.
Une question dont se sont emparés certains scientifiques dubitatifs face aux travaux du GIEC, et qui avancent l’hypothèse que le réchauffement climatique serait plus lié aux variations du rayonnement solaire qu’à l’activité humaine. Si la Terre se réchauffe, selon eux, c’est parce que le Soleil est plus actif.
A l’appui de leurs convictions, le « petit âge glaciaire » (encore connu sous le nom de « minimum de Maunder ») , une période très froide que connut la Terre entre 1645 et 1715, au cours duquel l’abbé Jean-Félix Picard et d’autres astronomes remarquèrent que le Soleil, vierge de toute tache solaire, était particulièrement calme.
« La variation de l’irradiance est globalement très faible, de l’ordre de un pour mille, donc cela ne suffit pas à expliquer le réchauffement climatique », souligne toutefois Jean-Yves Prado. En revanche, « cette variation est plus forte dans certaines longueurs d’ondes, donc pourrait avoir une influence sur la chimie de l’atmosphère, par exemple sur l’ozone ». Une hypothèse qui aura besoin d’être vérifiée par les mesures du satellite Picard.
Deux ans à scruter le Soleil
Conçu et développé par le CNES à Toulouse, l’engin fait figure de poids-plume avec ses 120 kg et ses trois instruments. Tous les mois, pendant une à deux heures, il devra arrêter d’observer le Soleil pour s’orienter en visant les étoiles. Cela suppose de garder les instruments à la même température, grâce à des systèmes de réchauffage, précis au centième de degré près !
Outre la mesure du diamètre solaire, le satellite étudiera également la structure interne de notre étoile ainsi que sa rotation différentielle, à savoir que les régions situées à l’équateur solaire tournent plus vite que celles des pôles. Sa mission devrait durer deux ans.