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Louis Castex « L’université toulousaine doit être dans les 10 premières en Europe et les 60 premières mondiales »

Le président du PRES « Université de Toulouse » explique les objectifs du plan Campus, annonce les premiers chantiers et demande un effort aux chercheurs pour que Toulouse soit plus visible au plan international.

Qu’est-ce que Toulouse Campus ?

  Toulouse a été désignée, avec une dizaine d’autres grandes villes, pour bénéficier du « Plan Campus » gouvernemental. Il s’agit avant tout de rénover les bâtiments et les équipements des universités, qui en ont bien besoin. Car le monde universitaire n’a pas su et parfois pas pu entretenir son patrimoine. Et depuis les années 60, lorsque la plupart des bâtiments universitaires ont été construits, le nombre de bacheliers a été multiplié par 5. Nous allons donc réhabiliter ou reconstruire ces équipements obsolètes. Mais Toulouse Campus, c’est aussi un gros effort sur la recherche. Notre objectif, c’est de placer Toulouse, à l’horizon 2020, dans les 10 premières universités européennes et entre le 50ème et le 60ème rang mondial !

    La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Valérie Pécresse a annoncé le 10 septembre dernier la dotation de Toulouse : 350 millions d’euros. Comment utiliserez-vous cette somme ?

  En fait, nous ne toucherons pas ces 350 millions d’euros mais nous percevrons les intérêts de cet argent que nous devrons placer nous mêmes. Aujourd’hui, nous ne savons pas encore quel taux nous pourrons obtenir. Ces intérêts nous serviront à payer les loyers des bâtiments qui seront construits ou rénovés par les entrepreneurs privés. Ce système se nomme « PPP », partenariat public-privé. Au bout de 25 ans, nous prendrons possession de ces bâtiments en bon état. Par ailleurs, les collectivités financent Toulouse Campus, directement et indirectement, en construisant des infrastructures et via le contrat de plan Etat-Région. Au total, le budget de Toulouse Campus se monte à près de 1,3 milliard d’euros

  Quels seront les premiers chantiers ?

  La Ville de Toulouse a d’ores et déjà lancé un appel d’offres pour l’étude de la rénovation des 39-41 allées Jules-Guesde, rénovation qui se montera au maximum à 25 millions d’euros hors-taxes. Ces bâtiments historiques accueilleront le siège du PRES, des installations de culture scientifique, et une bibliothèque numérique pour les étudiants.

  Y a-t-il de réelles urgences ?

Oui, le campus de Rangueil, qui va mobiliser l’essentiel des crédits. Il y a certes des bâtiments neufs, mais d’autres datent des années 60 et sont en mauvais état. Certains sont même fermés pour des raisons de sécurité. Le temps de négocier le PPP, le démarrage des travaux aura lieu au printemps 2012, et la livraison environ un an après.

Toulouse Campus, c’est aussi de nombreux projets de recherche, notamment dans le domaine des nanotechnologies. Or, la ministre n’a pas inclus le financement du pôle toulousain de nanotechnologies dans le plan Campus. Pourquoi ?

  Parce que le projet de Toulouse n’est pas assez abouti par rapport à celui d’Orsay et de Grenoble, les deux autres villes sélectionnées pour « Nano-Innov », l’initiative nationale en faveur des nanotechnologies. Les nanotechnologies sont très importantes pour les entreprises toulousaines du secteur de l’électronique. Mais on étudie aussi l’utilisation des « nanoparticules » pour lutter contre le cancer. C’est pourquoi le projet toulousain, qui comportera un bâtiment de recherche à Montaudran, devra être en liaison avec l’ITAV, le Cancéropole… Il sera finalisé début 2010 et sera financé par le grand emprunt national qui sera lancé prochainement.

Dans quelques années Toulouse Campus aura changé le visage de l’université toulousaine. Est-elle visible aujourd’hui au plan international ?  

Non ! Toulouse, c’est la belle endormie. Il y a trop d’individualisme. Ainsi, il faudrait que toutes les publications scientifiques des chercheurs toulousains soient signées sous la bannière « Université de Toulouse ». Nous serions ainsi plus visibles dans les classements internationaux des universités, comme le classement de Shanghai. Mais souvent, les chercheurs s’identifient à leur laboratoire, et du coup, perdent en visibilité internationale. Il faut que les mentalités évoluent sur ce point.