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Les Pyrénées se réchauffent, les régions mobilisent les chercheurs

L’Observatoire pyrénéen du changement climatique a été lancé à Toulouse le 14 janvier. Son conseil scientifique, présidé par Jean-Louis Étienne, collectera les données françaises et espagnoles sur le réchauffement pour les présenter aux élus et au public. Il devrait inciter les régions et les citoyens à agir pour préserver le massif.

Fonte des glaciers, remontée de la végétation… Les effets du réchauffement climatique se font sentir sur les Pyrénées. Face à cette menace, l’Observatoire pyrénéen du changement climatique a été lancé le 14 janvier à Toulouse.

Il aura pour mission de collecter et harmoniser les données sur le réchauffement recueillies de part et d’autre de la chaîne, informer les politiques et sensibiliser le public. Une initiative de la Communauté de travail des Pyrénées (CTP), qui regroupe les régions limitrophes (1).

Son conseil scientifique, composé de chercheurs français et espagnols, a tenu sa première réunion et dressé quelques constats. « Les 30 glaciers des Pyrénées (10 en Espagne, 20 en France) fondent tous, d’une façon plus ou mois marquée. Par exemple, le glacier d’Ossoue, près du Vignemale, qui est le glacier de référence côté français, mesure 50m d’épaisseur et en perd 1,60m par an depuis environ huit ans » explique Pierre René, de l’association Moraine (2), un groupe de passionnés, scientifiques ou non, qui suit les glaciers à la loupe et collabore avec de grands laboratoires. En 150 ans, 85% des glaciers pyrénéens ont disparu et les derniers pourraient disparaître d’ici 20 à 30 ans.

D’autres chercheurs vont s’intéresser à la végétation. « On la voit remonter pour trouver la fraîcheur. Or, en montagne, la température diminue beaucoup plus vite qu’en plaine : on perd 0,6° tous les 100m. Les déplacements de la végétation en montagne sont donc précoces et rapides. Ils sont de bons indicateurs du réchauffement », souligne Jean-Luc Dupouey, chercheur à l’Inra de Nancy, qui préconise d’utiliser dans de futures études des espèces témoins comme le chêne vert (qui aime le chaud) ou le hêtre (qui aime le froid).

Un impact économique et social

Des résultats qui devront être vulgarisés pour être communiqués vers le public. Ceci sera facilité par la personne de Jean-Louis Étienne, qui préside le conseil scientifique. L’explorateur, qui partira en avril pour un survol du pôle Nord en ballon où il mesurera la quantité de CO2, s’est dit « stupéfait » de la fonte du glacier du pic d’Aneto, une de ses premières courses en montagne, et a rappelé la menace que fait courir à la planète une hausse des températures.

« Le réchauffement a des conséquences environnementales, mais aussi économiques et sociologiques : que deviendront le tourisme, l’agriculture, la sylviculture ? », s’est interrogé Martin Malvy, le président de la Région Midi-Pyrénées et actuellement de la CTP. Ces secteurs devront s’adapter. Et chaque citoyen devra prendre conscience qu’il peut agir, en isolant mieux son logement par exemple.

Martin Malvy souhaite aussi voir se développer la production régionale d’énergies renouvelables, non productrices de gaz à effet de serre. Et n’exclut pas, sur la base des recommandations du conseil scientifique, un sommet inter-régional d’ici deux à trois ans pour discuter de réglementations permettant d’atténuer l’impact des régions limitrophes sur le réchauffement des Pyrénées.

Jean-François Haït, pour Kwantik !

Photo : Martin Malvy a confié à l’explorateur Jean-Louis Étienne (à gauche), la présidence du conseil scientifique de l’Observatoire pyrénéen du changement climatique. Crédit Photo : Patrick Dumas

(1) Midi-Pyrénées, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Catalogne, Aragon, Navarre, Pays-Basque, ainsi que l’Andorre.

(2) http://asso.moraine.free.fr/