Un important congrès sur Alzheimer s’est tenu à Toulouse du 3/11 au 5/11. Pour le neurologue Pierre-Jean Ousset, il faut repenser la recherche et faire de la prévention.
Toulouse a accueilli la troisième édition du congrès des essais cliniques sur la maladie d’Alzheimer (CTAD). Une des présentations avait pour titre : « Pourquoi avons-nous échoué dans le traitement ? » Les chercheurs ont-ils échoué jusqu’à présent ?
Nous, chercheurs, ne sommes pas certains d’avoir bien compris quels sont les mécanismes de la maladie. De fait, les essais cliniques de molécules destinées à la soigner n’ont pas réussi jusqu’à présent. Nous constatons aujourd’hui que n’est pas en agissant sur un seul facteur, en s’intéressant par exemple à l’action d’une seule molécule, qu’on parviendra à la vaincre.
Car la maladie d’Alzheimer est, comme le cancer ou le SIDA, une maladie complexe, où plusieurs facteurs entrent en jeu. La solution pourrait passer, comme pour le SIDA, par l’administration conjointe de plusieurs molécules.
Quelles sont les pistes les plus prometteuses actuellement ?
On se focalise sur les stades précoces de la maladie pour tenter d’inhiber sa progression. C’est le but de nombreux essais de nouveaux traitements.
Ainsi, l’immunothérapie, parfois appelée très approximativement « vaccination anti-Alzheimer », est très en vue actuellement. Elle cible les lésions provoquées par la maladie sur le cerveau, qui sont causées par une protéine dite « bêta-amyloïde » caractéristique.
On tente, par un traitement à base d’anticorps dirigés contre cette protéine, de freiner la maladie. Cependant, au congrès, ce sont des travaux en cours qui ont été présentés, il n’y a pas encore de résultats concrets.
Une autre piste concerne une protéine dite « Tau » qui joue un rôle majeur dans la structure des cellules du cerveau. Celle-ci est dégradée chez les malades d’Alzheimer. L’objectif est de trouver des molécules qui empêchent cette dégradation.
S’il n’y a pas de médicament pour soigner la maladie, à quoi servent les traitements qui sont sur le marché ?
Les traitements agissent seulement sur les symptômes, comme les pertes de capacité intellectuelle ou sur les troubles de la motricité. Ils ont une efficacité modérée, et n’empêchent pas l’évolution de la maladie.
Qu’en est-il de la prévention ?
C’est l’autre grande piste suivie. Elle concerne notamment des personnes qui se plaignent de leurs défaillances de mémoire. Sans pour autant être malades, elles présentent un risque plus élevé que les personnes qui ne connaissent pas ces problèmes. La prévention implique des exercices cognitifs, un suivi nutritionnel, etc.
On peut citer dans ce domaine l’importante étude MAPT menée par le CHU de Toulouse, pour laquelle le recrutement de volontaires est encore en cours. Les premiers résultats devraient être publiés dans quatre ans.
Propos recueillis par Jean-François Haït, pour KwantiK !
Pierre-Jean Ousset, neurologue et praticien hospitalier, est responsable du Centre Mémoire et du centre de recherche du Gérontopôle de Toulouse.