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IRT aéronautique de Toulouse : c’est décidé !

Annoncée le 9 mai, la sélection par l’État des Instituts de Recherche Technologique (IRT) a récompensé Toulouse. Son projet d’ « IRT Aéronautique, Espace et Systèmes Embarqués » (IRT AESE) a été choisi aux côtés de cinq autres dossiers nationaux. Si les projets scientifiques qu’il induira vont démarrer en 2012, le bâtiment sortira de terre en 2014/2015.

En 2015, l’Institut de Recherche Technologique « aéronautique, espace et systèmes embarqués » de Toulouse regroupera près de 300 chercheurs provenant de laboratoires publics (*), de grands groupes industriels et de PME, réunis dans un bâtiment de 13 000 m2. L’investissement, apporté à part quasiment égale par les industriels et l’État, est considérable : 842 Meuros sur 10 ans.

Objectif : renforcer la compétitivité des industriels, en développant des prototypes de nouvelles technologies qu’ils pourront facilement intégrer et mettre sur le marché. Proches des applications finales, il seront à un stade de maturité beaucoup plus élevé que dans le cadre de la recherche publique-privée habituellement menée en France.

Matériaux et capteurs en vedette

Quatre thématiques technologiques ont été définies par un comité de 200 experts :

* Technologies aérothermodynamiques, structures et matériaux innovants

* Technologies d’ingénierie et d’intégration des systèmes embarqués, aérospatiaux

* Génération et gestion dynamique de l’énergie embarquée

* Atome, nano et microtechnologies.

Ces domaines pourront se recouper. Exemple : il est prévu de développer des réseaux de capteurs qui seront répartis sur le fuselage des avions. Ils permettront de détecter, grâce à de nouveaux nanomatériaux, la déformation de certaines pièces, la température, la vitesse… et tout cela, bien entendu, en temps réel.

Sur le plan scientifique, le défi consistera à définir l’architecture de ces réseaux de capteurs et à les faire communiquer en mode sans fil. Autres enjeux pour les capteurs : y intégrer des nanomatériaux et optimiser leur consommation d’énergie en la répartissant sur leur réseau.

Des bancs d’essai grandeur nature

Pour mener ces développements, l’IRT AESE va accueillir 16 plateformes conçues sur mesure en fonction des thématiques. Elles représentent un investissement de 142 Meuros. Ces bancs d’essai grandeur nature permettront de tester les technologies dans un environnement proche de la réalité. Une cinquantaine d’ingénieurs les feront fonctionner, à disposition des 250 chercheurs.

Le financement du bâtiment, 21 millions d’euros, sera assuré par les collectivités locales. Si le nouveau centre de recherches prendra ses quartiers en 2014 ou 2015 dans le cadre du futur campus de « Montaudran Aerospace », les premières plateformes technologiques seront déployées dès 2012 dans plusieurs laboratoires toulousains, dont notamment le Centre d’Essais Aéronautiques de Toulouse.

Frédéric Dessort, pour KwantiK !

(*) Laboratoires publics : LAAS-CNRS, CEMES-CNRS, CNES, CIRIMAT, LPCNO, CEA (qui devrait s’implanter dans les locaux de l’IRT)

Sylvie Robert : « L’IRT sera très favorable à l’émergence d’idées nouvelles »

Sylvie Robert est responsable des partenariats en recherche systèmes Airbus et responsable de la programmation de recherche de l’IRT

Crédit : Sylvie Robert« Pour Airbus, l’IRT sera le maillon qui manquait entre les recherches développées dans les laboratoires et l’industrialisation dans nos programmes. Il va nous permettre d’augmenter la maturité des technologies qui nous intéressent, sur une échelle TRL de 3 à 6*. Ces technologies seront finalement intégrées dans nos avions.

La grande nouveauté pour nous, c’est de bénéficier d’un laboratoire commun avec de nombreux laboratoires toulousains et donc d’équipes qui travaillent au même endroit. Des équipes Airbus seront délocalisées sur la plateforme de l’IRT le temps des projets. Ce contexte sera très favorable à l’émergence de nouvelles idées.

La possibilité de tirer avantage des moyens matériels importants de l’IRT est aussi très satisfaisante : une plateforme d’essai dotée de machines comme des souffleries qui nous permettra de tester des nouveaux produits et leur impact sur l’environnement, et des unités de fabrication destinées à développer des prototypes mettant en œuvre des technologies particulières dans un environnement qui s’approche le plus de la réalité.

Les thématiques développées au sein de l’IRT, comme l’aérodynamique, les matériaux, la propulsion, nous concernent directement. Nous allons ainsi lancer dès 2012 un programme baptisé Mat-Innov pour le développement de nouveaux matériaux innovants destinés à la structure de l’avion, aux propriétés accrues comme la conductivité électrique, efficace en cas de foudre. Cela se fera en synergie avec les fabricants de matériaux et les laboratoires en amont qui apportent les technologies, ce qui sera beaucoup plus facile à faire au même endroit.

Nous avons aussi le projet de travailler au sein de l’IRT sur des nouvelles technologies de composants en génération électrique – ces transistors et autres diodes utilisés dans les convertisseurs de puissance pour commander des moteurs (actionneurs des becs et volets ou dérive arrière par exemple). Autre thème de recherche prévu : les capteurs et leur intégration sur les ailes et le fuselage de l’avion pour anticiper les problèmes de vieillissement de la structure.