A 78 ans, le célèbre astrophysicien a encore répondu présent au Festival d’astronomie de Fleurance où il rencontrera son public les 12 et 13 août. Il livre à KwantiK ! son regard sur la relève de la vulgarisation scientifique et sur celle de la protection de l’environnement. Verdict : il y a de l’espoir.
Vous êtes le parrain du Festival d’astronomie de Fleurance et vous y donnez des conférences quasiment tous les ans depuis vingt ans. Qu’est-ce qui explique cette fidélité ?
J’apprécie ce que ce festival a apporté de nouveau : la possibilité d’approfondir. En effet, en plus des conférences « grand public » du soir, ceux qui le souhaitent peuvent aller plus loin en suivant les « cours-conférences » de la journée, classés en plusieurs niveaux de difficulté.
Par ailleurs, il a permis l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes scientifiques qui sont devenus d’excellents vulgarisateurs, comme Roland Lehoucq , Nathalie Palanque, Jerôme Pérez, Jacques Delabrouille, Peter von Ballmoos, Jean-Paul Uzan par exemple.
Ce festival joue donc un double rôle : l’actualisation des connaissances, et la formation de nouveaux conférenciers, qui trouvent ici un public au contact duquel ils peuvent s’améliorer d’année en année. Fleurance est un centre intellectuel fertile et profitable, avec en plus la convivialité.
Sur quels thèmes allez-vous intervenir cette année ?
Je parlerai le 13 août au soir des avancées marquantes en astronomie de ces vingt dernières années. J’en citerai deux. Tout d’abord, la découverte des exoplanètes, et la prise de conscience que les systèmes planétaires autour d’autres étoiles ne ressemblent pas du tout à notre système solaire. On observe des planètes plus grosses que Jupiter qui sont très proches de leur étoile, et tournent sur des orbites très allongées. Donc, on peut se demander si notre système solaire n’est pas une exception.
Deuxième découverte marquante : le fait que l’essentiel de l’Univers est constitué de matière sombre invisible, qui exerce une attraction, et d’une énergie sombre qui est au contraire répulsive. Les preuves sont solides, mais on ne connaît pas leur nature.
Auparavant, j’interviendrai le 12 août dans un cours plus pointu sur les rayons cosmiques , ces particules venues d’ailleurs qui bombardent la Terre et nous donnent, au même titre que la lumière captée par les télescopes, des informations sur les phénomènes astrophysiques dans l’Univers.
Quelles sont vos activités aujourd’hui ?
Je ne fais plus de recherche pointue, mais des travaux de synthèse sur des domaines donnés, comme les rayons cosmiques par exemple, pour en avoir une image globale.
J’écris aussi des ouvrages pour le grand public et je donne des conférences de vulgarisation en France et au Canada. Et bien sûr, je milite pour la protection de l’environnement.
En quoi consiste exactement votre engagement en faveur de l’environnement ?
Je suis depuis 2001 le président de la Ligue de protection de la faune sauvage. J’ai succédé à ce grand humaniste qu’était Théodore Monod. Cela m’a permis d’agir non seulement en tant que conférencier pour sensibiliser le public, mais aussi pour des causes précises.
Nous sommes ainsi intervenus dans le Grenelle de l’environnement sur la question des pesticides, qui contribuent à l’érosion de la biodiversité. Les écologistes et les agriculteurs ont commencé à se parler, ce qui était inconcevable auparavant.
Même si les lois qui vont découler du Grenelle 2 sont loin de ce que nous attendions, il y a de l’espoir. Je vois autour de moi des collégiens et des lycéens sensibilisés à l’agriculture bio, au recyclage… De ce point de vue, le travail de Nicolas Hulot a été important.
Quels sont vos projets en chantier ?
En ce qui concerne l’astronomie, j’écris actuellement « L’Univers raconté à mes petits enfants », où une rêverie devant le ciel étoilé permet de parler du Big Bang, de l’Univers, des galaxies.
Je prépare aussi une suite au livre « Mal de Terre » que j’ai publié en 2000, où je montre par exemple que si les émissions de CO2 et la déforestation ont empiré, la couche d’ozone, en revanche, semble se stabiliser. La situation est à la fois pire et meilleure. Je poursuis donc mes conférences grand public et mon lobbying sur les politiques au sujet de l’environnement.
Êtes-vous optimiste à ce sujet ?
Je citerai Jean Monnet, auquel on posait la question à propos de la construction de l’Europe dont il est un des pères : « ce qui est important, ce n’est ni d’être optimiste, ni pessimiste, mais d’être déterminé ! ».