C’est un morceau de la recherche scientifique toulousaine qui va décoller le 26 novembre de Cap Canaveral, en Floride, avec la mission Mars Science Laboratory. Celle-ci transporte le rover Curiosity, un engin de 850 kg gros comme une voiture, qui devrait se poser dans le cratère martien Gale en août 2012, après neuf mois de trajet et un atterrissage aux allures de numéro de haute voltige (voir vidéo). Sa mission : déterminer si la vie a pu exister sur Mars, et en savoir davantage sur la géologie de la planète et son climat.
A son bord, dix instruments, dont ChemCam et SAM-GC, développés sous l’égide du Cnes, qui signent une importante contribution française à la mission. Chemcam a été imaginé à Toulouse par l’astrophysicien Sylvestre Maurice et les équipes de l’IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie). Quant à SAM-GC, il est issu du Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales (LATMOS), en région parisienne.
Mais la contribution toulousaine ne s’arrête pas là. Les données de Curiosity seront en effet partagées entre plusieurs centres d’opérations américains et un français, créé spécialement au sein du Cnes de Toulouse : le FIMOC (pour French Instruments Mars Operation Center), qui transmettra également les instructions destinées à ChemCam et SAM-GC. Tous les deux vont jouer un rôle majeur dans la recherche de molécules organiques à la surface de la planète rouge.
Laser martien
« Pour savoir si les conditions à la surface de Mars ont pu être favorables à la vie, il y a 3,5 milliards d’années, il nous faut chercher des traces d’éléments nécessaires à celle-ci comme le carbone, le soufre et l’hydrogène, des gaz comme le méthane, explique Alain Gaboriaud, chef de projet des instruments français de Mars Science Laboratory au Cnes. Et pour cela, nous allons repérer les sites les plus intéressants grâce à ChemCam ».
Comment ? Sur le mât du rover (Mast Unit) conçu par l’IRAP, une caméra reliée à un télescope permet d’observer les roches les plus intéressantes à quelques mètres de distance. Puis, un tir laser parti du télescope vaporise une fine pellicule de la surface de la roche sélectionnée : la fusion du matériau crée un plasma – gaz extrêmement chaud – dont la lumière est ensuite enregistrée et analysée à distance en spectroscopie dans les longueurs d’ondes de l’ultraviolet et du visible, révélant ainsi sa composition chimique.
Cuisson au four
Une fois l’intérêt du site confirmé, c’est au tour de l’instrument SAM (pour Sample Analysis at Mars) d’entrer en scène. Avec ses quelque 36 kg, ce laboratoire embarqué représente environ la moitié de la charge utile du rover. Capturé par le bras de Curiosity, les échantillons de sol et de sous-sol sont introduits dans des petits fours et transformés en gaz à une chaleur de 1.000°C. Le gaz circule ensuite à travers plusieurs instruments, dont le chromatographe en phase gazeuse (SAM-GC) conçu par le LATMOS.
« Le SAM-GC permet de séparer les différents composés chimiques en faisant circuler le gaz dans de petits tuyaux ou capillaires, qui contiennent un polymère sensible à certaines molécules. Chaque capillaire étant différent selon les molécules que l’on recherche, cela permet ainsi de les trier », souligne Alain Gaboriaud.
Une fois ce tri effectué, les autres instruments qui composent SAM, permettront de mettre en évidence la présence de composés chimiques révélateurs de conditions favorables à l’existence d’’une vie passée sur Mars. Un préalable nécessaire à la véritable recherche d’une forme de vie, passée ou présente, qui sera réalisée par les prochaines missions d’exploration de Mars.